Lors d'une visite au Musée du Louvre, en décembre 2000, avec des amis j'ai pris une photo devant ce bas relief B7, situé au premier étage du Musée, salle 641, aile Sully.
J'ai été intrigué par les inscriptions hiéroglyphiques dessinées dans la résille de la déesse Hathor, et j'ai décidé de faire un étude.
Ensuite j'ai étendu cette étude à 2 autres bas-reliefs issus aussi du tombeau de Séthy I, et qui sont liés à celui du Louvre.
Ces 3 bas-reliefs sont actuellement conservés :
Celui du Musée du Louvre est exactement le symétrique de celui de Florence (2468) et représente la Déesse Hathor donnant le collier Menat au Pharaon Sethy.
Mais le plus remarquable sont les inscriptions hiéroglyphiques incrustées dans les résilles en perles gravées sur la robe de la déesse et que beaucoup de visiteurs du Louvre passent devant sans les remarquer, inscriptons que l'on retrouve dans le bas relief de Florence.
Dans cete étude on va aborder un aspect peu connu qu'est la sémiotique égyptienne (1).
Cet hypogée fût découvert par Giambastista Belzoni le 18 octobre 1817 vers midi(2) . Champollion la visita en 1828/1829 et publia quelques planches dans ses "Monuments" (3) .
Les deux bas-reliefs se trouvaient en bas de l'escalier issu de la salle à quatre piliers E ( voir le plan ci-dessus ) , dans le couloir G où figurent les textes d'ouverture de la bouche, ainsi que les 'Litanies de l'œuil d'Horus".
Ils se situent exactement en bas de l'escalier et servaient d'entrée au couloir G, une sorte de porte d'accès à la 2ème partie du tombeau. Pour certains égyptologues ce serait un 2ène tombeau.
Selon Marie-Astrid Calmettes (1) p.49, «les reliefs ... étaient à l'origine situés dans l'embrasure de passage de porte marquant le seuil du quatrième couloir (passage G)», au comencement de son euxième axe. Il semble que l'accès à la partie inférieur de la sépulture était à l'origine (en raison du comblement de l'escalier relaint la salle à piliers E au quatrième couloir) et probablement fermé par un mur doublé d'une porte ».
Le bas-relief du Louvre se situe à main droite en descendant l'escalier (à gauche sur le croquis de Robert Hay), et faisant pendant en face on avait son symétrique qui est au Musée de Florence, à droite.
Emplacement de prélèvement pour le Louvre: |
Robert hay est reconu dans le monde égyptologique pour la qualité et la précision de ses croquis. (4) |
Emplacement de prélèvement pour Florence: |
Bas relief du Louvre |
On peut dire que la déesse Hathor accueillait le Roi qui entrait dans le tombeau , la déesse sortait
du fond du syringe. Et cette scène est assez particulière dans l'iconographie égyptienne 'hathorienne', ici il ne sagit pas d'offrande par le roi
ou d'un particulier, mais de la présentation du collier ménat de cet objet par la déesse, au roi
Pour avoir une description des ces deux bas-reliefs , vous pouvez aller aux pages qui décrivent les personnage, les textes et les hiéroglyphes dans la robe! Cette scène de présentation du collier ménat a été poursuivie par le fils de Séthy, Ramsès II dans son tombeau, la KV7 Le thème que l'on rencontre, les deux mains sérées se trouve présent dans 3 salles, les salle E, F & G, pour voir ces réprésentations faire un clic sur la photo ci-dessous: |
Bas relief de Florence |
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Pour une étude des perruques faire un clic sur l'image de la perruque d'Hathor ci-dessous
ou sur celle du du roi.
Etude sur l'offrande du collier Menat, faire un clic ci-dessous |
Ces bas-reliefs du Louvre et de Florence traduisent une certaine influence ( résiduelle? ) de l'Art amarnien, on pourrait parler de 'style post-amarnien'
Pour en savoir plus cet aspect 'post-amarnien', c'est ici !
Hathor était particulièrement vénérée à Thèbes Ouest ( Memonium ) et devint une des protectrices de la nécropole.
Symboliquement le tombeau était orienté vers l'Occident, c'est à dire que l'axe du tombeau est donc est-ouest, c'est à dire un passage du domaine des vivants (l'est) pour renaître et vivre éternellement (l'ouest).
On peut noter (en dehors des différences chromatiques dues au rendu de nos photographies) une certaine différence dans le traitement des deux bas reliefs.
Il ne faut pas oublier comment étaient creusés et décorés les tombeaux des rois. Les ouvriers , qui étaient appelés collectivement
"Serviteurs dans la place de Vérité" et qui vivaient dans le village de Deir-el-Médineh étaient répartis en deux
équipages comme dans un bateau. Une équipe d'ouvriers s'occupait de la partie droite ( le nord ) de la tombe,
l'autre la gauche (le sud), mais nous ne sommes pas sûr s'ils oeuvraient respectivement sur les côtés correspondant du tombeau (5) .
On connaît le nom des deux contremaîtres:
Néferthotep l'ancien (6) = équipage de droite , on peut imaginer qu'il dirigea l'équipe qui réalisa le bas-relief du Louvre(?)
Baki et Pached = équipage de gauche . Le beau-fils (?) de Baki est la l'origine d'une descendance de contremaîtres qui occupèrent
ce poste jusqu'à la fin de la XXème dynastie!
Champollion écrivait alors (7) :
" ... cette belle catacombe dépérit de jour en jour. Les piliers se fendent et se délitent; les plafonds
tombent en éclats, et la peinture s'enlève en écailles. "
Donc déjà le tombeau présentait de sérieux signes de délabrement. Il fut alors décidé de prélever deux bas-reliefs, que se partageraient les deux missions: Toscane et française.
Ces bas-reliefs furent extraits de la Tombe en septembre 1829 (8).Ils furent publiés dans les ouvrages respectifs de J.F. Champollion et I.Rosellini, pour en savoir plus, un petit excursus sur ces publications me semble nécessaire, et c'est ici !
Retour en haut de la page.Au début le bas-relief fût installé dans la Galerie Henri IV du Louvre. Actuellement, depuis le réaménagement consécutif au Grand Louvre, le bas relief se trouve dans le circuit historique, au premier étage, salle 27:
Les conservateurs ont respecté la disposition du bas-relief dans le tombeau, à gauche en entrant.
Ce bas-relief est représenté dans l'ouvrage de Champollion "Monuments de l'Egypte et de la Nubie Tome III, planche CCLI au centre.
Pour aller à la lecture de la formule écrite dans les mailles de la résille de la déesse
Retour en haut de la page.C'est au tour de I.Rosellini de présenter ce bas relief dans son ouvrage "I Monumenti del'Egitto e della Nubia, Tomo Terzo, Monumenti del Culto Pisa MDCCCXLIV, planche LVIII
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Le musée de Florence possède aussi un prélèvement d'un petit bas-relief du tombeau. « Maât, la fille de Rê, la maîtresse qui réside sur terre et dans le royaume des morts ». Pour l'emplacement de ce bas relief :c'est ici |
Maât est la déesse est plus communément désignée comme déesse de la Justice, de la vérité et de
l'ordre cosmique . En fait cette entité est beaucoup plus complexe qu'il n'y parait.
Elle personnifie surtout l' " Ordre " du monde qui fut établi à la création en opposition à l'isfet, que
l'on pourrait traduire par "désordre". Elle est représentée sous la forme d'une femme ayant une plume sur la tête.
Elle était considérée comme la fille de Rê et bénéficiait d'un culte répandu dans toute l'Egypte, il existe, aussi,
une forme doublée "les deux Maât" dès la plus haute antiquité.
Dans son livre (9) Assmann traite 5 aspects:
Donc les égyptiens ont inscrit des formules dans des détails aussi infimes ( par exemple les mailles de la résille d'Hathor) que nous pouvons penser que ces formules avaient une certaine importance et avoir un effet sur la survie du Roi dans le monde de l'Au-delà.
Nous ne pouvons qu'être enchanté par la manière dont les anciens égyptiens approchaient la symbolique. Il n'est pas nécessaire de rechercher des thèses farfelues ( par exemple sur les pyramides ) dans l'ancienne Egypte, il suffit de bien regarder ce qu'ils nous ont laissé en héritage au niveau des symboles. Personnellemnt je pense que la symbolique est nécessaire à l'homme, c'est aller dans le sens du développement de la pensée donc de l'évolution même de l'être humain.
Quels magnifiques messages nous ont-ils laissés!
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(1) = Marie-Astrid Calmettes, "Réflexions sémiologiques sur le relief Louvre B7", dans 'Mélanges offerts à François Neveu',
Bibliothèque d'étude 145, IFAO 2008.
(2) = Belzoni, "Voyages en Egypte et en Nubie", Pygmalion, page 189.
(3) = Champollion, Monuments tome III planches CCXXXVII à CCLI.
(4) = Marie-Astrid Calmettes, "Réflexions sémiologiques sur le relief Louvre B7", dans Mélanges offerts à François Neveu', IFAO 2008.
(5) = Romer John , "Valley Of The Kings", (1981) p.123.
(6) = Morris Bierbrier, "Les Bâtisseurs de Pharaon, la confrérie de Deir-el-Médineh" ed. du Rocher , Monaco-1986 pages 46-46.
(7) = John Romer, "Les créateurs d'éternité, chronique du village des artisans de la Vallée des Rois" Philippe Lebaud -Paris 1998.
page 35.
(8) = Champollion, "Lettres et journaux écrits pendant le voyage d'égypte", lettre du 26 mai 1829 ( page 300, de l'édition 1986).
(9) = Jean Lacouture, "Champollion , Une vie de lumières, p.431 .
(10) = Jan Assmann " Maât, l'Egypte pharaonique et l'idée de justice sociale", éditions la Maison de vie 1999.
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