Les deux bas-reliefs du Louvre et Florence réuniraient un certain classicisme élégant alliant le hiératisme traditionnel et la douceur héritée de l'art amarnien.
C'est ainsi que l'on peut parler de 'style post-amarnien'
Selon Peter Brand (1) ce style aurait été reconnu par Hourig Sourousian (2) où en page 245 elle l'évoque en parlant de la statue en 'albatre' de Séthy Ier (CG 41.139 = JE 36692 = Grande statue composite en albâtre découverte dans la cour de la cachette de Karnak et provenant probablement de la grande salle hypostyle) :
"On attribue généralement cette statue a un souverain de la fin de la XVIIe dynastie, a cause du style post-amarnien observe sur cette sculpture. Or si elle est proche de l’art post-amarnien par sa technique et par son style, c’est parce que le style de la statuaire au début du règne de Sethi I est encore fortement influence par celui du règne précèdent (Horemheb)", page 247.
Elle affirme que dans la petite chapelle de Séthy à Memphis en serait un exemple, et elle rajoute «Nous verrons plus bas, dans la statuaire de la chapelle de Memphis, une confirmation de cette influence»
H.Sourouzian distingue, dans cet article du MDAIK, qu'on pourrait décerner 3 étapes dans la statuaire de Séthy:
Une période memphite, puis une période abydénienne et enfin un style tardif.
Pour les bas-reliefs, Peter Brand (page 6) explique qu'il faudrait voir deux étapes
Il est intéressant de comparer la description de la statue CG 42.139 = JE 36692, avec la tête de Séthy sur le bas relief du louvre.
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"Le visage est ovale, aux joues pleines, au menton arrondi. Le front est bas et l’arcade sourcilière en légère saillie. Les sourcils creuses s’incurvent sur l’angle extérieur des yeux et se prolongent sur les tempes. Les paupières supérieures sont bombées vers leur milieu et se creusent vers l’intérieur des yeux. Les yeux sont régulièrement creuses en amande, leur coin intérieur légèrement descendant. Les bandes de fard se prolongent horizontalement. Les paupières inferieures sont rehaussées par deux légères dépressions. La racine du nez est très mince; l’aile droite dont il reste une partie est peu développée. De profil, le nez semble avoir été sensiblement busque; le philtrum est indique par une faible dépression. La bouche est pleine, avec des lèvres de longueur égales dont les contours très nets se rejoignent vers les commissures indiquées par de minuscules dépressions. La ligne presque horizontale qui sépare les lèvres est en retrait par rapport a leur bord. La lèvre supérieure, galbée en son milieu, ne montre qu’une très faible incidence sous le philtrum, la lèvre inferieure dessine un arc de cercle parfaitement convexe, rehausse par une faible dépression sur le menton qui est d’un modelé très sobre. Les oreilles en haut relief sont légèrement obliques et bien modelées; les lobules sont marquées par deux dépressions oblongues. La tète est légèrement avancée, le cou épais et bien modelé est marque par deux rides incisées immédiatement sous la mâchoire." |
Pour ce qui concerne les bas-reliefs de Séthy, P. Brand (page 6) explique qu'il y aurait, un style post amarnien puis un style ramesside mature.
On peut comparer les deux visages des reliefs (Louvre versus Florence) en les mettant côte à côte, dans le même sens:
A gauche: Le Louvre, à droite Florence;
Il existe une différence entre le rendu par les deux équipes, avec de surcroit une restauration pas très heureuse par le Musée de Florence.
Le visage de Florence s'écarte un peu de celui du Louvre, tête moins inclinée, oeil plus droit.
Pour la perruque, selon P.Brand, (page 19) ce serait une 'longue perruque jamais vu auparavant dans l'iconographie royale', et il distingue 3 types (page 20 )
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La perruque du louvre correspond au type A, alors que celle de Florence serait du type B. (figure 25). Il explique que le type A, est de loin le plus courant, la longueur des parties tressées près de l'extrémité des brins est uniforme. Pour le type B, les extrémités des brins sont disposées selon un motif étagé de trois couches ou plus, la différence de longueur de chaque couche successive de mèches augmente du front au côté de la perruque. Il remarque que ce n'est pas la perruque nubienne portée par Amenhotep II, et plus tard à l'époque amarnienne par Néfertiti, étant donné que la perruque nubienne ne possède pas de pans à côté de la perruque jusqu'au bord intérieur des pans, là où ils touchent les côtés du visage. (voir les reliefs de la tombe de Maya à Saqqara. Quant au type C, les parties tressées s'allongent progressivement du côté de la perruque jusqu'au bord intérieur des pans, où elles touchent les côtés du visage. En relief, cette caractéristique est représentée par une ligne courbe qui descend de la pommette à l'épaule. |
Cette longue perruque était ornée d'un uraeus placé au centre du front, la queue enroulée sur le dessus de la tête, avec une paire de banderoles rouges serties était attachée à la perruque à l'extrémité de la nuque. La perruque semble être entrée dans la coiffure royale avec l'avènement de Ramsès Ier, mais un seul exemplaire contemporain de son règne est connu. (97) Elle est également attestée dès le début du règne de Séti sur la plus grande stèle de Bouhen de l'an 1 et sur la stèle d'Albâtre de l'an 1 de Karnak.
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Un bel exemple à Karnak, dans la salle Hypostyle, intérieur, paroi nord, partie est, cf. PM II, 153, I (page 44), planche 178, OIP 106, Nelson B274, 275 et 279. On constate que l'on a bien le type A. On peut reprendre la description de H.Sourouzian ,ci-dessus, et cela correspond bien. ![]() voir plus bas |
En complément on peut concevoir une sorte de continuité entre le traitement des reliefs de la tombe d'Horemheb (KV57), et celui de la tombe de Ramsès Ier (couleur caractéristique bleue), qui se prolongerait chez Séthy, voir au début du règne de Ramsès II (KV7). Peut être faut-il voir que c'est une des premières salle à être décorée? Par exemple:
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Pour nos bas reliefs le fond de la scène est ![]() |
Dans différentes études, on peut trouver d'autres indices de cette survivance 'amarnienne', un exemple est à lire
dans la thèse de Gabra (3):" Les Conseils de Fonctionnaires dans l'Égypte Pharaonique, Scènes de Récompenses Royales aux Fonctionnaires (1929)", IFAO
où page 42 il écrit au sujet de la stèle du Louvre C213 "Notre stèle est un document d'un type peu répandu,
car le sujet qu'elle représente et son décor sont plutôt figurés sur les murs des tombeaux, comme à Tell el-Amarna par exemple, et non sur les
stèles isolées.
Outre cette originalité, notre stèle apporte une. preuve de plus de la survivance
de l'influence Atonienne sous la XIXe dynastie; cette influence persiste
non seulement dans l'art mais dans la teneur du discours royal.
Si l'on regarde le cou de déesse on peu observer les 3 traits caractéristiques du style "post-amarnien":
Un autre indice est à voir dans le fameux bas-relief du Louvre C213, encore appellée 'stèle au collier d'or'(4), gravée au non de Hormin, stèle éditée par Christophe Barbotin (5), p. 171, explique "Le fait qu'Hormin s'adresse directement au roi à sa fenêtre , l'affirmation qu'il lui doit absolument out (7-8) ainsi que l'allusion à l'«enseignement» (10) délivré par le souverain sont autant de souvenirs de l'époque amarnienne."
(1) Peter Brand, The Monuments Of Seti I; Epigraphic, Historical And Art Historical Analysis
(2)Hourig Sourouzian,Statues et représentations de statues royales sous Séthi I." MDAIK 49: 239-257.
(3) Sami Gabra "Les Conseils de Fonctionnaires dans l'Égypte Pharaonique Scènes de Récompenses Royales aux Fonctionnaires", Diplomé en tant qu'élève de la Section d'histoire et de philologie de l'Ecole Pratique des Hautes études, Paris 1929, sous la direction d'Alexandre Moret.
(4) Eugêne Ledrain - La stèle du Collier d'Or, dans 'le Contemporain du 1er octobre', 1876 .
(5) Christophe Barbotin, "La voix des hiéropglyphes", éditions Khéops, 2005.